Que ce passe t’-il réellement dans le village de Dinangourou, dans le cercle de Koro- région de Mopti?
Selon des sources d’informations fournies par les parajuristes basés dans le Semo le contexte sécuritaire demeure préoccupant. Avec l’insécurité grandissante cet espace se situe dans les angles morts du centre du Mali.
Dinangourou est le chef lieu de la commune portant le même nom, cercle de Koro, région de Mopti.
La commune de Dinangourou est peuplée essentiellement de dogons, telems et peuls. La zone est située dans l’espace socioécologique du Domno. Depuis le 2 mai 2021 le village de Dinangourou est sous embargo des groupes insurrectionnels dits moudjahidines implantés dans la zone transfrontalière jouxtant le BurkinaFaso.
D’une part, la population locale se retrouve privée de déplacement pour accéder à la foire de Koro (située à 120 km) pour se ravitaller en denrées de premières necessité. D’autre part, l’accès aux localités de l’autre côté de la frontière au Burkina Faso est hyppotéquée par la présence de groupes armés et de coupeurs de route qui pilulent un peu partout.
La population est entre le fer et l’enclume. On enregistre déjà une crise grave avec la reductiin des denrées alimentaires. Est ce le début d’un désastre humanitaraire?
L’accès à la zone est difficile avec des voies impraticables pendant l’hivernage et les multiples menaces de présence des mines antipersonnels placés dans les pistes rurales d’accès aux villages .
Les raisons de cet embargo selon diverses sources sont de plusieurs ordres: La première raison est liée à la présence des FAMA à Dinangourou qui est fortement contestée par les moudjahidines. La seconde raison est en rapport avec les pertes subies (12 morts) par les moudjahidines en avril 2021 suite à une attaque des FAMA à Dinangourou.
La troisieme raison est liiée à un autre accrochage quelques jours entre les deux belligérants ( 32 morts du côté des moudjahidines). La quatrième raison porte sur des soupsons de complicité des populations de Dinangourou avec les FAMA selon les moudjahidines.
Le constat final est l’absence d’un dialogue pour renouer les esprits et les coeurs. La situation reste volatile, affirment les habitants interrogés sur place.
Les appels lancés aux autorités et aux partenaires pour exiger la libération de la localité sont restés sans réponse. Entretemps la crise s’intensifie avec des lots de morts er de blessés.
Cette crise à Dinangourou fait suite à de multiples embargos observés dans le centre du Mali ces dernières années à savoir Kouakouro (cercle de Djenné en 2017), Dialloube (cercle de Mopti en 2018), Togguere Coumbé (cercle de Tenenkou en 2018), Kassa et Bamba (cercle de Koro mis sous embargo par Danan Ambassagou en 2020), Farabougou (cercle de Niono en 2020- 2021).
La liste est longue et difficle à dechiffrer. La difficulté fondamentale à élucider est le lien et interconnexion à établir au niveau de la proximité transfrontalière avec le Burkina Faso. Cette situation complexe engendre une mobilité et des mouvement des groupes armés avec des franchises entre combattants de la Katiba Macina- Ansarul islam et Dawlatoul islamia.
Cette mobilité des groupes radicaux demeure une équation difficile pour les forces maliennes FAMA face à la guerre contre insurrectionnelle. L’absence d’un vecteur aérien adéquat met à rude épreuve l’action des FAMA sur le terrain. Suite au prolongement de l’embargo les jeunes ressotissants de Dinangourou basés à Koro et Mipti ont vite vigoureusement protesté à travers des marches, des protestations et des mises en garde.
Des ressortissants et cadres de la zone à Bamako envisagent l’organisation d’une conférence de presse le samedi 26 juin 2021 à la maison de la presse.
A l’analyse, les embargos decrétés et répetifs par les groupes armés insurrectionnels denotent l’existence d’une crise profonde de société au Mali avec des guerres insurrectuonnelles et des réponses contre insurrectionnelles inappropriées dans un contexte de fragilités structurelles et de vulnérabilités économiques des populations locales.
Combien d’embargos faudrait- il attendre pour decréter ie mobilisation nationale et uneprise de conscience de la gravité de la crise que traverse le pays? Entretmps les préoccupations a Bamako sont d’un autre genre (nominations avec le nouveay gouvernement, refondation de l’Etat, Accotd de paix et élections en 2022, etc).
En l’ansence d »un sursaut national et d’une synergie optimale avec les pays voisins confrontés à cette même équation il sera difficile d’enrayer cette crise multidimensionnelle.
A qui le prochain tour?.
L’histoire nous le dira. Cordialement.
Boubacar Ba
Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel
Bamako-Mali