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TRANSITION :: « Que ne donnerais-je pour avoir tort? » dixit Aboubacar Siddick Diallo, président de l’association Kewale Ton.

TRANSITION :: « Que ne donnerais-je pour avoir tort? » dixit Aboubacar Siddick Diallo, président de l’association Kewale Ton.

Mes cher(e)s ami(e)s,
Maintenant qu’un semblant de calme semble revenu, je pense qu’il est temps de s’interroger sur un certain nombre de choses dont en particulier l’échéance de février 2022 qui marquera la fin de la transition et l’élection présidentielle qui va la clore. Déjà, je constate qu’il n’y a quasiment aucun changement notable dans la classe politique; les partis étant toujours aussi pléthoriques et les acteurs toujours les mêmes depuis au moins une décennie. À côté de cela, nous continuons d’assister à l’exercice favoris de nos politiques fait de retournement de veste, d’alliance contre nature, de retour perpétuel de « vieux chevaux » complètement fourbus mais loin d’être rassasiés, de jeux de positionnement en dehors de toute conviction et en l’absence criarde de projets de gestion dignes de ce nom.


Bref, rien de nouveau sous le chaud soleil de notre « beau pays ».
Et pourtant! Et pourtant!


L’histoire de ce pays n’a jamais été autant perturbée que durant cette décennie écoulée. Son existence n’a jamais autant été menacée et son avenir demeure des plus incertains. La horde de barbares qui nous a pris pour cible et qui s’est abattue sur le pays, les errements politiques successifs et notre détestable accommodation face aux pires déviances, l’ont amené au bord du précipice. L’équilibre actuel est particulièrement précaire et un rien suffirait à le rompre pour de bon.

Les soulèvements populaires qui ont entraîné la chute du dernier régime pouvaient laisser penser à une véritable prise de conscience et une volonté farouche de rectifier la trajectoire jusqu’alors prise, en ayant tiré toutes les leçons. Mais c’était sans compter sur les soubresauts politiques qui en ont résulté et qui ont aboutit à la mise au ban du pays, à une fâcherie avec nos partenaires, avec comme finalité de corseter la transition surtout en termes de délai et de moyens financiers, lui ôtant toute possibilité réelle de changer significativement et en profondeur les choses.


Où donc en sommes-nous aujourd’hui ?
Ceux qui gèrent la transition sont-ils à la hauteur des attentes ? Difficile pour le moment d’avoir une opinion tranchée !

Les événements de la décennie écoulée ont-ils rendu la majorité de nos concitoyens plus avertie et plus imprégnée de la déliquescence de la situation ? Je n’en suis pas certain !
Nos politiques ont-ils fait leur mue? Je n’y crois pas une seule seconde !


L’argent va-t-il continuer de remplacer le programme politique et le projet de société ? Très certainement !

À partir de là, dans quelques mois, à l’issue des élections, ceux qui avaient été mis à la porte et placardés comme les fossoyeurs de la république vont sans doute faire leur grand retour par la fenêtre. Il n’est donc pas étonnant que ces derniers soient ceux-là qui réclament à cor et à cri le respect de la durée de la transition en ayant la certitude qu’avec la manne financière précédemment captée, le retour au banquet de la république sera assuré.


Tout semble donc indiquer que nous nous apprêtons à réécrire le même scénario catastrophe avec le même système, les mêmes acteurs, les mêmes procédés, dans le même environnement pour, bien évidemment, aboutir aux mêmes résultats.

La grande majorité d’entre nous aspire au retour à une vie constitutionnelle normale et à la démocratie . Mais faut-il que cela se fasse sans avoir préalablement mis en place les garde-fous indispensables, ni « nettoyé les écuries d’Augias » ?


Pour ma part, j’affirme sans ambages que nous ne sommes pas prêts; loin s’en faut et il y’a peu de chance que nous puissions l’être à l’issue de la période de transition.


Dans la multitude de défis auxquels nous devons faire face, deux me paraissent particulièrement aigus: la réorganisation et l’assainissement de l’environnement politique et surtout, l’adaptation à la nouvelle donne sécuritaire consécutive au retrait des forces françaises. Le casse-tête étant que les deux nécessitent un minimum de temps qui, hélas dans la configuration actuelle, fait défaut.

Une des solutions pourrait donc être d’envisager une prolongation, dans un délai raisonnable, de la transition pour, d’une part, mettre plus d’ordre dans le jeu politique et les organes de gestion des élections et d’autre part, mieux organiser le dispositif sécuritaire et le maillage territorial avec ci-possible l’appui de nouveaux partenaires. Cela nécessiterait bien entendu de recueillir l’assentiment de la grande majorité de la population malienne d’abord, mais aussi et surtout de convaincre la dogmatique Communauté Internationale et en particulier la France qui ne cesse de multiplier les signes de défiance, du bien-fondé d’une telle démarche. Mais face aux rigidités, aux hypocrisies, aux petits et grands calculs, elle apparaît chimérique, d’autant que par ailleurs, rien n’indique que la population soit prête à endurer les contraintes et sacrifices qui ne manqueront pas de résulter d’une telle entorse aux diktats de la Communauté Internationale.


Faut-il alors conclure que tout ce qui s’est passé ces derniers temps n’aurait finalement servi à rien? Peut-on raisonnablement penser le contraire sans faire preuve d’un optimisme béat voire d’un angélisme ?
Savons-nous seulement ce que nous voulons? Une chose est certaine en tous les cas, il y aura un prix à payer.
En temps normal j’aurais en dernier recours, dégainé mon arme secrète à savoir mon bulletin de vote pour régler mes comptes. Mais aux temps et dans les circonstances actuels, vaut-il seulement quelque chose ?
Tout m’incite donc à penser que la quiétude et le bonheur de vivre dans un pays libre, digne, fier, en quête de prospérité, s’éloignent de plus en plus et que des jours sombres se profilent à l’horizon.
Que ne donnerais-je pour avoir tort?


En attendant, je me remémore souvent les paroles de F.D Roosevelt pour y puiser du réconfort et ne pas sombrer dans le désespoir: « le bonheur ne se trouve pas dans la simple possession d’argent; il se trouve dans la joie de l’accomplissement, dans l’excitation de l’effort créateur. La joie, stimulation morale du travail, ne doit plus être oubliée dans la folle course aux profits évanescents. Ces jours sombres, mes amis, vaudront tout ce qu’ils nous coûtent s’ils nous enseignent que notre véritable destinée n’est pas d’être secourus mais de nous secourir nous-mêmes, de secourir nos semblables ».
Puissions-nous, pour notre pays, trouver dans ces propos la foi inébranlable de ceux qui sont convaincus et la force de ceux qui ne renoncent pas.
Que Dieu protège le Mali.
Bien à vous.

Aboubacar Siddick Diallo, Président de l’association Kewale Ton.

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