Le dialogue interreligieux: mythe ou réalité ?
C’est le titre d’une conférence donnée par le Père Imani Pascal Kapilimba, Directeur de l’Institut de Formation islamo-chrétienne (IFIC), dans le cadre de la formation permanente à 18 anciens étudiants de l’IFIC, dont trois pasteurs protestants. A l’initiative du Centre Foi et Rencontre (CFR), arrivés de toutes les paroisses de Bamako et de Fana, ils se sont retrouvés pour un temps de partage d’expériences et de réflexion du samedi 9 au dimanche 10 octobre 2021 au Centre Abbé David à Sébéninkoro.
Après la prière d’ouverture et le mot de bienvenue, le Père Ha-Jo, Responsable du Centre Foi et Rencontre, a introduit un premier tour de présentation et de partage d’expériences dans le domaine du dialogue interreligieux. Tous reconnaissent avoir été enrichis et transformés par la formation reçue à l’IFIC, qui leur permet d’œuvrer dans le quotidien professionnel, familial ou amical à une meilleure connaissance et compréhension réciproques entre musulmans et chrétiens. A titre d’exemple : des causeries avec des groupes de femmes, de catéchèse, des mouvements d’action catholique comme les Kizito, la formation des catéchistes, des conseils dans les familles, les jeunes et pour les scouts, des formations et des échanges en ligne (la Plateforme Internationale de la Jeunesse Centrafricaine), des échanges par ZOOM, et des modules d’islamologie dépensés dans des rencontres de pasteurs.
Dans sa conférence, le Père Pascal a insisté sur le fait que Dieu étant amour – Il est « sortie de soi », mouvement vers l’autre qui suscite la création, la vie. Au contraire, l’amour narcissique, tournée vers soi-même, conduit à la mort d’après le mythe de Narcisse. Etant donné que l’homme est créé à l’image de Dieu, le dialogue, la sortie de soi, n’est pas facultatif, mais essentiel pour réaliser son humanité. Cependant, le dialogue doit se vivre dans la prudence, qui vient de la connaissance de l’autre et du passé, de l’intelligence du présent, de la personne en face et qui est conscient des conséquences (l’avenir) de ses paroles et actes.
La séance questions-réponses a surtout traité de la question de comment «évangéliser» – rendre compte de notre foi en Jésus Christ d’une manière respectueuse de la foi de l’autre.
Dans la soirée, les participants ont regardé le film « Des Hommes et des dieux » sur la vie et le martyr des 7 moines de Tibhérine, en Algérie. La matinée du dimanche a commencé avec une prière présentée sous forme de PowerPoint sur le « regard que Dieu pose sur nous et toute personne » à partir de l’Evangile de Marc 10,17-30. Elle était suivie d’un partage sur la conférence et du film de la veille, avant d’aborder le point principal sur les activités à mener dans nos communautés et lieux de vie
entant que chrétiens engagés et formés pour le dialogue interreligieux. Tous ont redit leur disponibilité à animer des causeries, conférences, recollections dans les CCB et les groupes et mouvements paroissiaux lors des temps forts de l’Eglise (Avent, Carême), ou de faire inviter quelqu’un du CFR/IFIC. De même, il s’agît de faire connaitre nos compétences aux organisations et aux différents départements des universités qui ont des programmes sur l’interreligieux. Ils se proposent de sensibiliser les responsables de leurs CCB pour aller saluer au nom de la communauté chrétienne lors des fêtes musulmanes et des événements heureux ou douloureux. Un souci reste également la promotion de l’oecumenisme, en organisant une célébration oecumenique dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens du 18-25 janvier 2022.
Ce qui reste à faire maintenant c’est la mise en place des commissions du dialogue interreligieux au niveau des paroisses et des communautés, et pour cela, ils comptent beaucoup sur la rencontre des commissions diocésaines du Secrétariat National pour le Dialogue qui doit se tenir du 8-12 novembre 2021 à Sébéninkoro.
Dans la joie pour la libération de la Sr Gloria, les participants ont clôturé leurs travaux par la messe dominicale, Action de Grâces par excellence, présidée par le Père Jupp Stamer, fondateur de l’IFIC et personne ressource incontournable pour tout ce qui concerne le dialogue interreligieux au Mali. Un repas festif, partagé en disciple de Jésus, Roi de la Paix, a donné la force à chacun de retourner avec un enthousiasme renouvelé dans sa communauté, afin de porter le regard de Jésus sur toute personne de quelque religion ou ethnie qu’elle soit.
P. Ha-Jo Lohre, responsable du CFR, cfrbamako@yahoo.fr Tel/W : 00223 83326592