Nouvelles Récentes

Top Infos
  • Le Mali envisage d'exploiter ses ressources en lithium en coopération avec la Russie
  • La Guinée dément les rumeurs sur des tirs près du palais présidentiel
  • Nigeria: la marine lance un vaste exercice pour lutter contre le vol de pétrole brut
  • La partie russe a confirmé son engagement à continuer de contribuer à la stabilisation du Mali, y compris au sein de l'Onu.

BISSAU: La paix des braves sénégalais !

BISSAU: La paix des braves sénégalais !

Cette semaine, alors que nos yeux sont rivés vers Bamako où la détention des soldats ivoiriens défraie les chroniques sur le continent africain, la surprise jaillit de Bissau en Guinée. Et quelle belle surprise ? La signature d’un accord entre le MFDC et l’Etat du Sénégal, sous le leadership du Président Umaru Sissoko Embalo. Après plus de 40 années d’affrontements sanglants, l’Etat Sénégalais et les indépendantistes casamançais décident de déposer les armes et de poursuivre les pourparlers.

Cela devrait inspirer les Maliens et leur donner davantage de raison de croire en la vertu du dialogue. Si le paraphe d’un document symbolisant la paix des braves crée toujours de l’émotion, on ignore souvent le travail titanesque de coulisse pour trouver un texte qui fait consensus. Et l’architecte de ce travail de rédaction est rarement cité. En regardant les images publiées sur la page Facebook de la présidence Bissau guinéenne, mon regard se fige sur un homme dans l’ombre, caché derrière le Président Umaru Sissoco et la seule dame présente à la cérémonie.

La guerre étant une affaire de macho, rien de moins étonnant qu’à la signature d’un accord de cessez-le-feu, il n’y ait que des machos – petite digression. Revenons à cet homme niché en arrière-plan derrière le Président Embalo. Un visage qui m’est familier. Cet homme discret mais très efficace s’appelle Freddy N’Kurikiye. Je m’empresse alors de retrouver les contacts de mes amis journalistes à Dakar et à Bissau pour en savoir plus. 

De mes investigations, je reçois un concert de louanges en faveur du Centre pour le Dialogue humanitaire Hd, maître d’ouvrage de cette facilitation réussie. Si le centre pour le dialogue humanitaire est si efficace dans les médiations, c’est parce qu’il fonde son expertise sur des cadres rompus à la tâche et discrets à l’image de Freddy ! C’est lui l’architecte de la facilitation qui a donné le « texte resté encore confidentiel » que les deux parties dans la crise casamançaise viennent de parapher ce 4 août 2022. 

De mes contacts proches des protagonistes, je reçois cette confidence: « le buzz médiatique passé, il n’est pas superflu de révéler que cet accord est l’œuvre d’un quinquagénaire africain qui a facilité durant 3 ans le dialogue entre les deux camps. C’est Freddy N’Kurikiyé. Avec une mine à la fois grave et impassible, peu bavard, sa réserve peut le rendre mystérieux. Il a mené de main de maître les négociations qui ont accouché d’un accord que même les Présidents sénégalais et Bissau guinéen ont salué ».

Cela correspond au facilitateur N’Kurikiyé que j’ai rencontré il y a près de vingt ans. Ce diplomate accompli est aisément reçu à Lomé comme à Bruxelles, à Bangui, à Kigali, à Kinshasa, à New-York, à Paris et ailleurs. Sans doute qu’un tel carnet d’adresse lui ait été utile pour dénouer avec dextérité les fils d’un conflit qui dure depuis 4 décennies.

Mais qui est Freddy N’Kurikiyé ? Ce Burundais de naissance et Suisse d’adoption était loin de s’imaginer médiateur sur le continent africain, lui qui fit des études de finances, se voyait plutôt à la tête d’une grosse entreprise avec des paquets de fric à vous mettre plein la vue. Mais c’était sans tenir compte de son passé de jeune Burundais qui a vécu les affres de génocide de 1993 au Burundi et de 1994 au Rwanda.

Cela correspond au facilitateur N’Kurikiyé que j’ai rencontré il y a près de vingt ans. Ce diplomate accompli est aisément reçu à Lomé comme à Bruxelles, à Bangui, à Kigali, à Kinshasa, à New-York, à Paris et ailleurs. Sans doute qu’un tel carnet d’adresse lui ait été utile pour dénouer avec dextérité les fils d’un conflit qui dure depuis 4 décennies.

Mais qui est Freddy N’Kurikiyé ? Ce Burundais de naissance et Suisse d’adoption était loin de s’imaginer médiateur sur le continent africain, lui qui fit des études de finances, se voyait plutôt à la tête d’une grosse entreprise avec des paquets de fric à vous mettre plein la vue. Mais c’était sans tenir compte de son passé de jeune Burundais qui a vécu les affres de génocide de 1993 au Burundi et de 1994 au Rwanda.

La confirmation de Freddy dans la sphère de la résolution non violente des conflits sur le continent africain et sa vocation pour la médiation se matérialise encore plus en 2003, à Nairobi. Il est facilitateur à la toute première rencontre de The Africain Youth Parliament (AYP), une initiative de jeunes panafricains résolus à prendre une part active sur les questions brûlantes du moment. Le forum regroupe 300 jeunes de tous les pays du continent africain. Là, Freddy, avec de longs cheveux afro, frêle et élancé, près de 2 m de haut, se fait remarquer par son calme et sa faculté d’écoute qui forcent l’admiration. Il s’improvise même interprète pour aider certains jeunes à participer activement aux travaux.

Diamacoune Senghor, et le président Pierre Buyoya à Gao, pour qu’ils parlent à la jeunesse du continent sur la nécessité de favoriser le dialogue et de faire taire les armes. Ce sommet est annulé faute d’engagement du gouvernement malien. 

En avril 2006, Freddy réussit brillamment l’organisation à Lomé au Togo, d’un forum des jeunes sur la paix qui a regroupé plus de 250 jeunes de 15 pays africains dont 200 jeunes togolais de toutes les régions. C’est certainement depuis cet éclatant succès que le Président Faure Gnassingbé l’a remarqué. J’apprendrai 5 ans plus tard qu’il lui a même confié l’organisation du premier Forum national des jeunes. Depuis lors, le microcosme politique togolais ne lui est plus étranger, tout comme les portes d’autres capitales lui seront ouvertes.

Conseiller senior du Centre pour le Dialogue humanitaire, il a été de plusieurs processus de paix en Afrique. C’est donc un baroudeur dont la paix est chevillée au Cœur, qui a obtenu l’accord, encore tenu secret, qu’indépendantistes casamançais et gouvernement sénégalais viennent de parapher à Bissau. Un accord qualifié par Jeune Afrique d’un pas important vers le retour à la « paix définitive » en Casamance.

Puisse la sagesse, le talent et l’engagement de Freddy pour la paix, ainsi que l’expertise du Centre pour le Dialogue humanitaire, inspirer les autorités maliennes de la transition, à qui ils pourraient être d’une très grande utilité. 

Source: Mali Tribune