La guerre qui nous est imposée, sans conteste, relève de la volonté de la France de garder ce qu’elle croit être sienne : le Nord du Mali et ses richesses. Tant pis pour les vies humaines.
Ce qui est utilisé pour cacher cette volonté qui date de 1957, année de la création de l’Organisation Commune des États Riverains du Sahara (OCERS), est la légitime revendication d’une communauté à vivre pleinement sa spécificité dans une nation malienne. Elle même instrumentalisée depuis 1958, à travers la lettre du Cadi de Tombouctou, adressée au Général De Gaule. Dans cette lettre, initiée par les militaires colons réticents à toute idée d’indépendance des colonies, le Cadi de Tombouctou et 300 signataires, disent préférer rester des musulmans français, plutôt que d’être dans une entité indépendante dirigée par des noirs, desquels ils sont différents par tout, y compris l’éthique ! Du pur racisme ! Jamais condamné, que le MNLA a repris dans le préambule de sa plate-forme politique. Voilà, pourquoi j’affirme que le MNLA, aujourd’hui la CMA sont des créations de la DGSE française ! Tant d’anachronisme n’a aucun sens aujourd’hui au Mali et particulièrement à Tombouctou où la paix et les civilités ont toujours regnées entre les communautés.
La connexion entre la volonté néo coloniale de la France et les revendications légitimes, s’est faite par le biais de mouvements armés, qui, à partir de 1992, sont devenus de véritables machines de trafics en tout genre, animés au trois quart, par des renégats à leurs propres communautés et des traîtres au Mali. Ils sont devenus des affidés d’une dynamique géopolitique et géostratégique, en fait, qui les dépasse aujourd’hui ! Ils n’en ont ni l’intelligence, ni la capacité d’appréhension holistique des phénomènes. Par contre, les retombées sonnantes et trébuchantes sont appréhendées et bien gérées. Par des individus.
Ces acteurs endogènes doivent savoir que ni leurs communautés, ni aucune autre au Mali, ne compte pour les acteurs exogènes de cette dynamique dont le chef de file demeure, les États-Unis d’Amérique et la machine de guerre l’OTAN.
Oui, aujourd’hui, c’est l’OTAN qui est à la commande au Mali. Or les relations entre l’OTAN et le système des Nations Unies, notamment les casques bleus (la MINUSMA) au Mali sont plus qu’ambiguës. Il faut noter que c’est le retrait de la Minusma, à la demande du Mali qui est à l’origine de la reprise des hostilités. Les terroristes en intelligence avec la CMA, de facon ouverte, attaquent les forces armées maliennes, les populations civiles, les infrastructures et les équipements de développement du pays.
- Que dit la communauté internationale ? Rien? Quelle hypocrisie !
- Que disent les partis politiques maliens et la société civile? Allons aux élections! Pitoyable ! Que les politiciens se rassurent, aucun d’entre eux dans cette posture qui confine à la collaboration, ne sera le commandant en chef des forces armées et de defense du Mali !
– Que disent l’UA et les organisations sous régionales africaines ? Libérez Bazoum ou nous allons le Niger! Effarant de manque de bon sens et de l’amour pour l’Afrique !
- Que dit-on à Bamako ? La vie est chère, le prix de l’oignon à augmenté ! Consternant de manque de bon sens et de solidarité ! D’autres maliens se demandent au même moment, est-ce que je serai vivant demain? Hey! Bamako, aw ka sabali
À regarder de près, une part de responsabilité incombe au gouvernement qui est dans la communication de « bilan ». Il faut en sortir et développer une communication plus offensive et pédagogique à l’endroit de la population. Une communication qui doit porter sur les réalités géopolitiques et géostratégiques, en nommant un chat, un chat!
Dans cette optique, le gouvernement doit communiquer sur l’appui de la France aux terroristesce sur ce qu’est l’OTAN et quelle guerre d’influence est menée par elle au Sahel pour contrer la Russie !
Il est évident que la France aujourd’hui est en arrière plan et que c’est l’Oncle Sam qui est à la manette, d’où sa stratégie au Niger, la consolidation de sa position au Maroc et le projet de base militaire XXL à Dakar! Enfin, tout le monde sait que l’Oncle Sam a, sur sa liste noire, une appréciation sélective du terrorisme, des terroristes et des djihadistes.
Au Mali en guerre, d’en être conscient. Cela n’est possible que par une communication courageuse du gouvernement, un engagement des partis politiques et de la société civile.
L’ennemi doit être clairement identifié, toutes convenances diplomatiques à part! C’est là notre salut, car c’est cela qui mobilisera conséquemment la population.
Source : Seydou Traoré, Ancien ministre Mali 2002-2007
Chevalier de l’Ordre National du Mali 2009
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