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LIBÉRIA : LA POLITIQUE DU SILENCE DE GEORGE WEAH ET DE LA JUSTICE FACE AUX CRIMES DE LA GUERRE CIVILE

En 2004, George Weah, alors ambassadeur itinérant de l’Unicef, appelle à la création d’un tribunal pour crimes de guerre chargé de poursuivre les principaux responsables des atrocités commises pendant la guerre civile au Liberia dans les années 1990 et au début des années 2000. Comme beaucoup de Libériens, Weah, ancienne star du football, a lui-même énormément souffert de la violence. Certains de ses proches ont été tués, d’autres ont été victimes de viols collectifs. Ses biens, y compris ses maisons et ses véhicules, ont été pillés et vandalisés ; sa propriété de Monrovia a été rasée.
Le soutien précoce de Weah à une réponse pénale après la guerre civile réapparaît lors de son entrée en politique et la formation du Congrès pour le changement démocratique (CDC). Vers 2005, le Forum pour la création d’un tribunal chargé de juger les crimes de guerre est lancé et géré par les responsables de son parti. Ce mouvement compare l’approche de la Commission vérité et réconciliation (CVR) libérienne à celle d’un tigre de papier, comme me le dit le président du Forum, Mulbah Morlu, en 2006. « La CVR est une perte de temps, nous avons besoin d’un tribunal pour les crimes de guerre », déclare alors Morlu. À l’époque, j’étais un débutant en matière de justice transitionnelle et je soutenais le processus de la CVR. Morlu est nommé président du CDC en 2017, après l’élection de Weah à la présidence du pays.

Lorsque Weah est élu président lors des troisièmes élections de l’après-guerre au Liberia, les réactions sont mitigées. Sa candidature a été approuvée et soutenue par l’un des chefs de guerre les plus redoutés du Liberia, le sénateur Prince Y. Johnson. En 1990, Johnson avait capturé le président libérien Samuel K. Doe, l’avait torturé et mutilé devant une caméra – une vidéo devenue virale à l’époque. Pour d’autres, Weah est inexpérimenté et ne comprend pas la gouvernance. Son mandat de trois ans en tant que sénateur a laissé beaucoup à désirer. Pourtant, pour certains, George Weah, figure relativement nouvelle et issue d’un milieu défavorisé, représente un risque à prendre, une expérience originale de gouvernance après la guerre, en particulier là où les élites éduquées avaient soi-disant « échoué » dans la société. Dans l’imaginaire de la plupart des Libériens, il est la seule personne capable de faire tomber le voile de l’amnésie collective imposée par ces élites après la publication du rapport final de la CVR, en juin 2009, et de le remplacer par un tribunal chargé de juger les crimes de guerre

Source : justiceinfo.net