Nous avons tellement atteint des degrés élevés de souffrances collectives que si vous tenez un débat avec une ou plusieurs personnes, c’est pour seulement soulever d’autres questions, au point de se convaincre qu’il est impossible pour une seule personne de comprendre toutes les raisons de la crise malienne à tous les niveaux et faire sortir un schéma cohérent et global, pour servir de base. Parce que les effets nocifs d’un désastre d’une telle ampleur, resteront longtemps, même après le désastre.
Cette paralysie prend naissance à des niveaux plus profonds que ceux qui sont pris par les uns et les autres comme des recettes pour solutionner le problème une bonne fois pour toute.
La raison en est que toutes les fois où un ou plusieurs groupes de personnes tentent de trouver des solutions pérennes, ils deviennent eux-mêmes des nouveaux problèmes. Et c’est celà que nous appelons changement pour un début, pour se rendre compte que ce n’est qu’un processus de transposition d’un problème à un autre.
Si nous tentons de pousser encore la réflexion au niveau individuel, on peut facilement constater que l’individu se bat ou semble se battre de toutes ses forces pour le changement. Mais, remarquez une fois qu’un statut est acquis, c’est comme si vous n’avez plus la même personne devant vous. Tout de sa personnalité change. Et celà jusqu’au moindre détail.
Alors vous êtes étonnés et parfois indignés de voir disparaître la personne que vous connaissez. Dans ce cas deux scénarios possibles : soit vous vous alignez à cette nouvelle personne avec ses privilèges, ou si vous êtes quelqu’un qui dispose de moins de photographies mentales pour comprendre la nouvelle personne, celà se solderait par l’inévitable séparation.
Ce modèle de comportement social prend ses racines même au niveau du problème d’interprétation et de compréhension du concept « CHANGEMENT ».
Le changement implique pour l’individu que l’état de son environnement à un moment donné n’est plus supportable et qu’il faut trouver d’autres manières de faire. Mais nous oublions dans notre ignorance que pour faire quoi que ce soit, il faut être d’abord.
Qu’est-ce que celà veut dire ?
Si vous observez l’idée que vous vous faites de ce concept de changement pour lui donner un sens, vous allez vous rendre compte que pour ce faire, vous êtes obligés de projeter votre imagination sur les autres et faire des photographies mentales sur la façon dont vous pensez qu’ils sont et la façon dont vous voulez qu’ils soient. De ce fait chacun selon ses capacités intellectuelles se forme un film mental avec toutes les recettes de ce qu’un changement peut et doit être. Seulement celà ne veut rien dire ni pour lui, ni pour les autres. Parce qu’il se fera rattraper par l’illusion qu’il s’était nourri sur le paradigme même de changement. Alors on s’emballe et on s’inquiète, on se trahit…
Le problème est que l’individu refuse de comprendre que le changement signifie qu’il doit voir en lui-même ses défauts, parce qu’il ne projette sur l’extérieur que ce qu’il est lui-même. C’est à dire ce qu il hait le plus chez les autres. Cette vérité est trop difficile pour l’accepter, c’est pour celà que nous nous mentons quand nous voulons et nous exigeons des autres de nous dire la vérité quand nous leur mentons.
Toutes les hypothèses tomberont sur les mêmes cauchemars. Ce sont les formes et l’intensité qui varient, mais nous pouvons toujours continuer de nous regarder avec les mêmes mensonges qui sont devenus notre état normal d’être. Si vous regardez honnêtement, vous voyez toute l’hypocrisie se trouvant derrière. Cette hypocrisie, est de l’ignorance déguisée qui peut se manifester sous beaucoup de formes comme l’attitude de pauvreté intellectuelle et morale, même si on se croit intellectuel et autre. Et l’ignorance se cache pour vivre.
Remarquez encore à quel point vous détestez le fait d’accepter votre ignorance dans une situation. C’est un mensonge, parce qu’il faut être en mesure d’appliquer tous les changements qu’on souhaite voir chez les autres sur nous d’abord. Et celà est impossible si on se ment à soi-même en exigeant des autres la vérité.
Remarquez à quel point vous parvenez à trouver les défauts des autres.
Touré Abdoul Karim