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À QUI PROFITE LA MORT D’EVGUÉNI PRIGOJINE ?

Le chef du groupe paramilitaire Wagner s’interposait entre Vladimir Poutine et ses projets. Ce problème est désormais réglé.

Le 23 juin au soir, Evgueni Prigojine déclenchait une mutinerie. Elle était avortée vingt-quatre heures plus tard, au terme d’une folle journée au cours de laquelle il avait pris Rostov-sur-le-Don, s’était assuré le contrôle de Voronej, avait dépassé Livetsk, avant de s’arrêter à quelque 200 kilomètres de Moscou.

À l’issue de conversations avec le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, et le gouverneur de l’oblast de Toula, Alexeï Dioumine, les parties étaient parvenues à un accord: en échange de sa reddition, Evgueni Prigojine était épargné, à condition de s’exiler en Biélorussie. Quant aux hommes de Wagner, le président russe leur offrait trois options: intégrer les troupes régulières de la fédération de Russie (suivant en cela l’ultimatum du 10 juin de Sergueï Choïgou, le chef des armées), rejoindre leur chef en Biélorussie ou rentrer chez eux.

Pendant les deux mois qui ont suivi, tous se sont mutuellement testés. Le président biélorusse a offert une nouvelle base à Wagner, un camp de 300 tentes installé à la bordure du village de Tsel, dans une ancienne base militaire. De là, ils pourraient facilement s’infiltrer en Pologne, afin de mener des opérations clandestines en Europe. Une éventualité qui a déclenché la panique au sein du gouvernement de Varsovie, le poussant à envoyer 10.000 soldats à la frontière.

Vladimir Poutine a commencé sa purge. Il s’est débarrassé des conspirateurs présumés (le général Sergueï Sourovikine, proche de Wagner, a tout de suite été arrêté, puis démis de ses fonctions le 23 août); il a publiquement condamné Evgueni Prigojine, chargé les médias russes de détruire sa réputation (photos de sa luxueuse résidence, accusations de corruption, clichés censés le ridiculiser); le 29 juin, il le recevait toutefois au Kremlin pendant trois heures, en compagnie des chefs de Wagner.

Il ne s’est pas arrêté là, poussant ses pions sans relâche, plaçant par exemple à la tête de Wagner Andreï Trochev, dit «Sedoï» («Cheveux gris» en français), un ancien colonel de l’armée à la réputation de dur à cuire, et positionnant d’autres groupes paramilitaires tels que Redut ou Convoy en tant que possibles repreneurs. Pendant ce temps, Evgueni Prigojine passait du temps entre Saint-Pétersbourg et Moscou, Minsk et l’Afrique, avant de réapparaître dans une vidéo diffusée le 21 août, vêtu d’une tenue de combat en plein milieu du désert et lançant un appel au recrutement. Le 23 août, il mourrait.

Que s’est-il passé?

Le 23 août à 17h46 (heure locale), un jet privé Embraer Legacy 600, immatriculé RA-02795 et ayant décollé de l’aéroport de Moscou-Cheremetievo, quitte la zone de Moscou avec à son bord dix personnes, dont trois membres d’équipage. À 18h20, l’avion disparaît des radars. Un peu plus tard, l’agence de presse russe confirme que l’appareil s’est écrasé à côté du village de Koujenkino, dans la région de Tver. Parmi les corps récupérés, aucun n’est reconnaissable. Le téléphone portable d’Evgueni Prigojine est retrouvé parmi les décombres; l’aile de l’avion cinq kilomètres plus loin.

Bientôt, une vidéo amateur apparaît sur les chaînes du monde entier: on y voit l’avion partir en vrille et faire une chute verticale pendant une trentaine de secondes, avant de s’écraser. Aussitôt, le périmètre est bouclé par le FSB, avec interdiction pour la police locale d’y pénétrer. Le lendemain, au cours d’une allocution à la télévision, Vladimir Poutine présente ses condoléances à la famille d’Evgueni Prigojine. Il parle d’un «homme d’affaires talentueux», «au destin complexe, [qui] a commis de graves erreurs dans sa vie».

Source : Le Monde