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COUPS D’ÉTAT PROPRES ET POPULAIRES EN AFRIQUE : L’ANALYSE DE PAUL KANANURA.

L’accueil des coups d’Etat par des liesses populaires dénote la faillite de la démocratie exportée et imposée en Afrique par l’Occident comme seule norme de gouvernance. Des milliers de jeunes ont applaudi la chute des régimes incompétents en saluant l’arrivée des militaires au pouvoir, pour résoudre les problèmes cruciaux des pays. Après des coups d’Etat assistés et sanglants des années 1960-90, nous assistons à une nouvelle génération des coups fatals propres, sans effusion de sang, conduits par de jeunes officiers doués d’intelligence stratégique. Aux yeux des populations et des panafricanistes, les nouvelles autorités en treillis sont devenues des héros des transitions vers une véritable souveraineté.
Il est temps de se poser de profondes questions sur les causes de ces changements militaires, afin d’en acter le processus et d’en définir les principes de réussite au service des intérêts de toute la société et de la nation.

La faute à la démocratie occidentale !

La démocratie n’a pas su répondre aux besoins de paix et de développement des peuples africains ni prévenir les coups d’Etat. Ces derniers se déroulaient sans effusion de sang et ils sont salués par un grand nombre des populations. Dans son analyse du 17 août 2023 sur le Coup d’Etat au Niger, la diplomate Aïchatou Mindaoudou présente « la démocratie comme un régime caractérisé par la manipulation des votes, la corruption, le népotisme, le clientélisme politique, les passe-droits et l’impunité dont la justice est soumise aux ordres ». Soudan (avril 2019), Mali (août 2020), Tchad (avril 2021), Guinée (septembre 2021), Burkina Faso (janvier 2022), Niger (juillet 2023) et Gabon (août 2023),… de Conakry à Khartoum, le Sahel est traversé par le tremblement politique qui fait tomber des régimes mal aimés depuis 2019.
Libreville ouvre la « Balle au Général » au Centre qui fait trembler les palais bien gardés, surtout que les deux derniers coups de force sont à l’initiative des commandants de la garde prétorienne de la présidence. La peur d’imitations provoque des insomnies des patrons qui veillent au moindre bruit.

Le système démocratique à l’Occidental est corrompu et se résume à des élections qui permettent de maintenir des régimes en place avec son cortège de clientélisme, de népotisme, d’impunité et d’injustice. Donc l’expression de « démocratiquement élu » n’a pas de sens populaire en Afrique. Elle rappelle plutôt la tutelle politique extérieure que la jeunesse africaine rejette massivement et les dirigeants concernés ne veulent plus, car c’est une situation humiliante. Cette jeunesse considère plutôt que ces régimes sont soumis à des intérêts étrangers et ne répondaient pas aux besoins des populations. L’absence de sanctions contre les révisions constitutionnelles visant à instaurer les « troisièmes mandats » de la part des organisations africaines et internationales, conforte ce sentiment. A l’Assemblée générale de l’ONU, le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition de la République de Guinée, a distillé certaines vérités à la communauté internationale, notamment que « les condamnations systématiques des coups d’État militaires ne sont pas une solution ». Pour lui, « l’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l’Occident qui l’a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à passer et à s’adapter à notre réalité ».
Les nouvelles autorités militaires ont une vision qui se rapproche de celle de la jeunesse africaine et de certains intellectuels africains qui se demandent de plus en plus si la démocratie, telle qu’importée de l’Occident, est réellement compatible avec les cultures africaines dont les valeurs sont, en réalité, profondément démocratiques, humanistes et hospitalières.

La jeunesse africaine, par ailleurs très connectée, s’inscrit massivement dans des perspectives panafricaines d’indépendance politique, de souveraineté économique et d’autonomie stratégique. Cette vision est difficilement envisageable sans une rupture générationnelle et/ou institutionnelle. L’alternance, au sommet de l’État, est jusque-là empêchée par des processus démocratiques avariés. L’absence de renouvellement et de rajeunissement des classes politiques explique en partie le soutien populaire des Coups d’Etat militaires qui portent à la magistrature suprême, des hommes sportifs qui tranchent avec la gérontocratie politique. Le désir d’alternance au pouvoir est plus fort en Afrique, où la très grande majorité des politiques ont plus de 60 ans alors que la majorité des électeurs ont moins de 30 ans.
« Si les évènements politiques de ces trois dernières années ont surpris la plupart des analystes, ils étaient prévisibles, tant les frustrations sont grandes, sous l’effet conjugué de la pauvreté et de la précarité de la population, de la mal gouvernance, du pillage des ressources par une partie des élites et, dans certains cas, la montée de l’insécurité liée aux attaques par les groupes armés ou djihadistes. Ils pourraient constituer un message fort à l’endroit des élites, tant africaines qu’étrangères, et offrir une opportunité pour l’établissement d’un nouveau contrat social entre les dirigeants et les citoyens.
Ce contrat social devrait se matérialiser à travers des processus politiques véritablement transparents, inclusifs et équitables et une exigence de redevabilité vis-à-vis des citoyens », Jean-Luc Stalon (septembre 2023).

Source : opinion-internationale.com