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Discours de M. Abdoulaye MAIGA, Ministre d’État, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation

Discours de M. Abdoulaye MAIGA, Ministre
d’État, Ministre de l’Administration territoriale et
de la Décentralisation, Porte-Parole du
Gouvernement, au Sommet des Chefs d’État et
de Gouvernement du Mouvement des non-
alignés

Kampala, 19 – 20 janvier 2024

Excellence Monsieur Yoweri Kaguta Museveni,
Président de la République d’Ouganda ;

  • Excellences Mesdames et Messieurs, les Chefs
    d’État et de Gouvernement ;
  • Monsieur le Secrétaire général des Nations
    Unies ;
  • Distingués délégués ;
  • Mesdames et Messieurs,

Avant tout propos, qu’il me soit permis de
transmettre à Son Excellence Monsieur le
Président Yoweri Kaguta Museveni et au peuple
ougandais frère et ami, les salutations cordiales
et fraternelles de Son Excellence Le Colonel
Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef
de l’État du Mali, au nom du Peuple et du
Gouvernement maliens.

Ensuite, voudrais-je vous adresser les
chaleureuses félicitations de la délégation du
Mali pour l’organisation remarquable de ce
Sommet et, en même temps, vous exprimer nos
sincères remerciements pour l’accueil fraternel
et l’attention toute particulière dont ma
délégation et moi-même sommes l’objet depuis
notre arrivée en Ouganda, pays frère et ami qui
entretient avec le mien d’excellentes relations de
coopération dans divers domaines.

Je tiens également à exprimer notre satisfaction
à l’endroit de la présidence azerbaïdjanaise du
Mouvement des non-alignés, pour le leadership
et le travail accompli durant les quatre dernières
années.

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et Messieurs,

Notre Sommet se tient dans un contexte marqué
par la complexité des multiples défis auxquels
nos États font face. Les différentes crises qui
n’épargnent aucune région du monde, mettent
en péril nos efforts de développement et
compromettent l’avenir des générations futures.
Le traitement adéquat de ces nombreux défis
nécessite une synergie d’actions et le
renforcement de la solidarité entre nos États. En
cela, le thème proposé pour cette session, à
savoir « Approfondir la coopération pour une
richesse mondiale partagée », exprime
pleinement nos aspirations. Il nous invite
également à puiser, d’une part dans les valeurs
fondatrices de notre Mouvement pour fournir
une réponse appropriée aux attentes légitimes
de nos peuples, et d’autre part dans notre
culture et notre histoire. Au Mali, le partage et la
solidarité font partie de notre patrimoine
national.

En mettant l’accent sur le partage, ce thème
rappelle l’importance d’une action collective et
surtout l’urgence d’une sincère solidarité afin de
mieux répartir les ressources mondiales.

Nous vivons dans un monde profondément
divisé, où la confiance entre les acteurs
internationaux est fortement entamée. Aussi, il
est important, pour notre Mouvement, de veiller
à privilégier les acquis du multilatéralisme et de
la coopération internationale, qui demeurent des
cadres efficaces de règlement des multiples
foyers de tension dans plusieurs régions du
monde.

Comme vous le savez, mon pays, le Mali ainsi
que plusieurs autres États du Sahel, suite à
l’intervention militaire de l’OTAN en Libye en
2011, ont été des victimes d’une approche
cavalière de défense des intérêts nationaux, en
dehors des cadres multilatéraux appropriés et
en violation des règles internationales,
entrainant une prolifération des activités
criminelles des groupes terroristes et autres
réseaux du crime organisé. Ces derniers ont
semé la mort, la destruction, les violences et les
déplacements massifs de populations sans
précédent dans une région jadis havre de paix,
de stabilité, de vivre-ensemble.

Pour aider à relever ces défis sécuritaires
imposés, le Gouvernement du Mali a bénéficié
de l’appui de la Communauté internationale, qui
s’est entre autres manifestée par le
déploiement, en juillet 2013, de la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations unies
pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA). Après
dix ans de présence, les populations du Mali ont
réalisé que les interventions militaires
étrangères n’ont pas permis d’aider le pays à
rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire,
ni à lutter contre les groupes terroristes. Au
contraire, la situation sécuritaire s’était
davantage détériorée, en dépit de la présence de
forces internationales.

Tirant les conséquences de cet échec, le Conseil
de Sécurité des Nations unies a décidé, par la
résolution 2690 du 30 juin 2023, à la demande
du Mali, de retirer, sans délai, la MINUSMA à
compter du 1er juillet. Le processus de retrait du
personnel de la MINUSMA vient de se terminer
le 31 décembre 2023 et nous sommes dans la
phase de liquidation de la Mission.

C’est l’occasion pour moi, du haut de cette
tribune, d’adresser la profonde gratitude du
Gouvernement et du peuple du Mali à l’endroit
des pays membres du Mouvement des non-
alignés pour leur soutien multiforme,
notamment humain, financier et matériel à la
Mission des Nations unies au Mali.

Certes, la MINUSMA n’a pas été capable de
réaliser son mandat, mais le peuple malien sait
gré de la présence à ses côtés des États amis.
C’est le lieu, au nom du Gouvernement de la
République du Mali, de rendre hommage à la
mémoire de toutes les victimes, civiles comme
militaires, maliennes comme étrangères,
tombées au champ d’honneur au Mali.

Je salue le travail accompli par les Casques
bleus, venus pour la plupart de pays africains
frères et d’autres pays amis du Mali, avec
l’intention d’aider mon pays à sortir d’une crise,
créée et entretenue. Cette ambition louable des
soldats de la paix a hélas été entravée par des
acteurs dont l’agenda était tout autre. Il n’est en
effet désormais plus un secret que la junte
française, aveuglée par les réflexes coloniaux,
demeure le principal promoteur du terrorisme
dans le Sahel. A cet égard, le Mali réitère sa
demande du 15 août 2022, sollicitant la tenue
d’une session spéciale du Conseil de Sécurité
des Nations unies, en vue de présenter les
preuves irréfutables de l’implication de ce pays
dans la promotion du terrorisme.

A ce jour, l’Armée malienne a récupéré et
occupé, conformément aux normes nationales
et internationales en vigueur, les camps et
autres emprises précédemment occupés par la
MINUSMA, malgré les attaques des groupes
terroristes et de certains groupes armés
signataires de l’Accord, mais qui se sont mués
en acteurs terroristes.

Avec le retrait de la MINUSMA, les Forces
armées maliennes ont accentué leur action en
vue du renforcement de la présence et de
l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire
national, comme l’illustre le retour de l’Armée
malienne, à Kidal, ville et région symbole, le 14
novembre 2023, en dépit du scénario
catastrophe que prédisaient, voire souhaitaient,
certains États.

Sous l’impulsion du Chef de l’État, le
Gouvernement du Mali continue de consentir
des efforts importants pour renforcer les
capacités opérationnelles des Forces
maliennes, en vue du retour complet de
l’Administration et des services sociaux de
base, pour le bonheur des populations qui ont
souffert le martyr pendant plus d’une décennie
d’occupation terroriste.

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et messieurs,

Conscient que la seule réponse sécuritaire ne
saurait suffire, le Gouvernement a entamé la
mise en œuvre d’une stratégie globale.

En effet, le peuple malien dans toute sa
diversité, lassé des crises multiformes à
répétition, a décidé, lors des Assises Nationales
de la Refondation tenues en décembre 2021, de
donner mandat à ses nouveaux dirigeants
d’entreprendre de profondes réformes pour
l’avènement d’un Mali nouveau, résolument
souverain et ancré dans une gouvernance
vertueuse. Depuis lors, les réformes politiques et
institutionnelles réalisées, dans les domaines
électoral, de l’administration du territoire, du
secteur minier, de la justice, de la lutte contre la
corruption, du dialogue social, entre autres, ont
culminé avec l’adoption d’une nouvelle
Constitution, le 22 juillet 2023, consacrant
l’avènement de la IVème République.

Cette stratégie globale prévoit également des
solutions politiques endogènes à certaines
dimensions de la crise, faites de dialogue et
d’appropriation nationale, y compris la prise en
compte du bien-être de nos populations,
notamment les femmes et les jeunes, afin de
soustraire cette couche vulnérable de notre
société de l’influence des groupes terroristes et
des narcotrafiquants.

A cet égard, le Président de la Transition a
annoncé, dans son adresse à la Nation à
l’occasion du nouvel an, « avoir pris l’option de
privilégier l’appropriation nationale du
processus de paix, en donnant toutes ses
chances à un dialogue direct inter-malien, afin
d’éliminer les racines des conflits
communautaires et intercommunautaires ».

Cette approche malienne fait suite à des
approches similaires qui ont eu des résultats
probants en Afrique. On peut citer la
Commission vérité et réconciliation en Afrique
du Sud pour soigner les plaies de l’apartheid,
sans influence extérieure, ou encore la concorde
civile, puis la Charte pour la paix et la
réconciliation nationale en Algérie, sans
influence extérieure, pour résoudre une décennie
de terrorisme. Autrement dit, dans un adage de
chez nous, « le linge sale se lave en famille » et
c’est mieux ainsi.

Tous ces efforts, faut-il le rappeler, concourent à
la réalisation de notre objectif ultime qui est le
retour à un ordre constitutionnel apaisé et
sécurisé.

Partant du principe que nul peut aimer le Mali
plus que les Maliens, le Gouvernement est
pleinement engagé dans la mise en œuvre de
solutions endogènes, issues de la volonté, des
attentes et des besoins de nos populations. Par
conséquent, nous rejetons d’office les remèdes
imposés ou importés et contre-productifs.

A cet égard, je réitère avec force : le Mali
s’oppose à toutes les formes d’ingérence
étrangère dans les affaires intérieures des États.

Dans la même veine, le Mali dénonce toutes les
autres mesures coercitives unilatérales dont
souffrent plusieurs pays de notre organisation
commune, à l’instar des sanctions illégales,
inhumaines et illégitimes que l’UEMOA et la
CEDEAO ont prises contre le Mali, ensuite le
Burkina et présentement le Niger, alors qu’elles
ont été impuissantes à aider substantiellement
ces trois pays dans la lutte contre la menace
terroriste.

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et messieurs,

La crise au Sahel a une dimension régionale, qui
impose une coopération accrue des Etats
concernés pour faire face à nos défis communs
de sécurité et de développement. C’est la raison
pour laquelle le Burkina Faso, la République du
Mali et la République du Niger ont adopté, le 16
septembre 2023, la Charte du Liptako-Gourma
établissant l’Alliance des États du Sahel (AES).

Cette organisation vise à établir une architecture
de défense collective et d’assistance mutuelle,
en vue notamment de lutter plus efficacement
contre les groupes terroristes, mais également
de promouvoir le développement des trois États
au profit de nos populations et de favoriser la
coordination de nos actions politiques et
diplomatiques.

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et Messieurs,

La délégation malienne a effectué un vol
d’environ 06 h de temps sans escale, pour
honorer l’invitation qui nous a été adressée par
Votre Auguste personne. Ceci dénote également
du profond respect de S.E. le Colonel Assimi
GOITA à votre endroit.

Il est de mon devoir d’appeler Votre haute
attention sur une entorse grave à l’usage
diplomatique dont nous avons été l’objet. En
effet, en réaction au projet de document final,
notre Ministre des Affaires Étrangères a formulé
des amendements, qui ont été refusés par je ne
sais qui, et au nom de je ne sais quoi. Malgré sa
vive protestation lors de la conférence des
Ministres des Affaires Étrangères, la situation
ne semble pas avoir évolué.

Il est toujours utile de rappeler que le sommet
des non-alignés a un A.D.N qui lui est propre,
cette particularité explique son succès et sa
longévité, malgré les tensions politiques.

Rejeter les amendements d’un État membre sur
un sujet qui concerne d’abord et avant tout cet
État lui-même est un fait suffisamment grave,
qui alerte sur le danger qui guette notre
organisation commune face aux velléités d’un
pays d’imposer son agenda et s’ingérer dans les
affaires intérieures d’autres États.

Le Chef de l’État du Mali que j’ai l’honneur de
représenter ici, ne le comprendrait pas, le peuple
malien dont nous défendons les intérêts vitaux,
ne le comprendrait pas non plus. Cet incident de
parcours est d’autant plus incongru que nous
nous trouvons en terre africaine d’Ouganda, l’un
des symboles forts de l’émancipation africaine
et de la défense de la souveraineté nationale,
avec la figure emblématique qu’incarne le
Président Museveni en Afrique et dans le
monde.

Par conséquent, à défaut de prendre en compte
les amendements du Mali, tels que proposés
par notre Ministre des Affaires Étrangères, le
Mali se dissocie totalement de la rédaction
proposée et exige un retrait pur et simple du
chapitre qui lui est consacré dans le projet de
document final sur les résultats du Sommet de
Kampala.

A l’avenir, il est important de revoir le
fonctionnement de notre Mouvement, pour
plusieurs raisons : lorsqu’un chapitre porte sur
un État membre, il est important d’obtenir par
écrit le consentement de l’État, ainsi que le pays
qui est à l’origine du projet de chapitre. Les
règles et les procédures ne peuvent pas être
plus importantes que la souveraineté des États
membres. Sans changement de ces règles, il y a
une forte probabilité de raser la tête d’un État
membre en son absence et sans son
consentement, ce qui ressemble à de la
sorcellerie.

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et Messieurs,

Je tiens à réaffirmer que le Gouvernement du
Mali reste disposé à coopérer avec les pays et
les organisations internationales qui le
souhaitent, en suivant les trois principes
guidant l’action publique au Mali et édictés par
Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA,
Président de la Transition, Chef de l’État, à
savoir : le respect de notre souveraineté ; le
respect de nos choix de partenaires et nos choix
stratégiques ; ainsi que la prise en compte des
intérêts vitaux du peuple malien dans toutes les
décisions.

Pour conclure, je réitère l’attachement du Mali
au respect des valeurs et des objectifs du
Mouvement des non-alignés, en cohérence avec
les principes qui guident l’action publique au
Mali.

Je vous remercie de votre aimable attention.