Ce 20 décembre 2023, les Congolais de la RDC sont appelés aux urnes pour élire leurs nouveaux dirigeants. De vingt-six candidats au départ admis à concourir pour la magistrature suprême, ils ne sont plus que dix-neuf à se lancer dans la course à la succession de Félix Tshisékédi qui brigue un second quinquennat dans ce scrutin à un tour qui a vu le désistement de certains candidats au profit du chef de l’Etat sortant ou de l’opposant Moïse Katumbi. Mais en plus de ces deux mastodontes de la faune politique congolaise, Martin Fayulu, le revanchard candidat malheureux de 2018 et Denis Mukwege, le Prix Nobel de la paix 2018, se veulent, entre autres, autant de prétendants sérieux à la consécration finale, dans cette compétition électorale qui cristallise les attentions dans ce pays-continent d’Afrique centrale. Lequel, avec ses 2 345 410 km², est le second pays le plus vaste du continent noir, après l’Algérie, et le pays le plus vaste d’Afrique au sud du Sahara. C’est dire si cette présidentielle 2023 en République démocratique du Congo (RDC), ne manque pas d’intérêt. Et au-delà du gigantisme du pays qui reste un défi pour le déploiement de la logistique, la forte mobilisation des populations lors de la campagne électorale, augure d’un scrutin âprement disputé.
La CENI est vivement interpellée dans son rôle de neutralité et d’arbitre
Comment peut-il en être autrement quand la campagne elle-même, déjà tendue et émaillée de plusieurs incidents entre militants de partis rivaux, a été des plus virulentes, avec des candidats à la rhétorique plutôt belliqueuse, qui se croyaient permis tous les coups et tous les discours, y compris parfois les « discours de haine » ? Et que dire de cette sortie malheureuse du chef de l’Etat sortant, Félix Tshisekedi, dont le vilain coup en dessous de la ceinture de son principal challenger, Moïse Katumbi, en référence à sa nationalité, sonne comme un manque de sérénité dans le camp présidentiel ? Autant dire que la présidentielle de ce 20 décembre 2023, est le scrutin de tous les possibles. Car, au regard des forces en présence, les jeux restent ouverts. Avec, d’un côté, un chef de l’Etat sortant dont le bilan reste quelque peu mitigé en raison, entre autres, de la persistance de la crise sécuritaire dans la partie orientale du pays. Et de l’autre, une opposition incapable de resserrer ses rangs et qui a échoué à s’entendre autour d’une candidature commune qui lui aurait, sans aucun doute, donné plus de poids voire plus de chances dans ce scrutin uninominal majoritaire à un tour, où le candidat arrivé en tête est élu, quel que soit son score. Mais ce scrutin est aussi celui de tous les possibles parce qu’au regard des tensions et des violences souvent verbales et parfois physiques qui ont émaillé la campagne qui a même connu l’assassinat d’un candidat à la députation dans le territoire d’Uvira, les choses peuvent basculer à tout moment. C’est pourquoi on croise les doigts pour que le vote se déroule dans le calme et la discipline. Ce qui n’est pas gagné d’avance dans une RDC plutôt coutumière des violences pré et postélectorales sur fond de suspicions et d’accusations récurrentes de fraudes électorales. C’est dire si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est vivement interpellée dans son rôle de neutralité et d’arbitre ; en plus de s’astreindre à la transparence du vote et de la compilation des résultats pour éviter de créer la polémique. Car, c’est de la contestation que naissent souvent les violences. Et dans ce contexte de tensions où les esprits semblent préparés à la controverse si ce n’est à la revendication de la victoire dans les deux camps, les risques d’une crise postélectorale ne sont pas à écarter. Et l’on peut d’autant plus redouter un remake de 2018 qu’en dehors de l’ex-président Joseph Kabila et à quelques exceptions près, les mêmes principaux acteurs sont encore engagés dans cette compétition électorale qui s’annonce comme un véritable test pour Félix Tshisékédi, pour jauger sa notoriété auprès des Congolais.
C’est déjà un pas que la RDC ait pu organiser ces élections à bonne date
Réussira-t-il à conserver son fauteuil ? C’est tout l’enjeu de cette présidentielle qui pourrait recomposer la scène politique congolaise, en fonction des résultats des autres scrutins qui ont lieu simultanément, en l’occurrence les législatives pour désigner les députés nationaux, de même que le vote des députés provinciaux et des conseillers communaux. En rappel, sur une population de plus de cent millions d’habitants, quarante-quatre millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour départager les différents candidats. Et le taux de participation s’annonce comme l’un des enjeux de ce scrutin où le gigantisme du pays et les questions sécuritaires, restent aussi autant de défis. En tout état de cause, c’est déjà un pas que la RDC ait pu organiser ces élections à bonne date. Et maintenant que les dés sont jetés, que le meilleur candidat gagne pour s’atteler à relever enfin les défis du développement de ce pays qualifié de scandale géologique, mais dont les innombrables ressources du sous-sol tardent encore à contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations. Les Congolais n’en demandent pas plus.
« Le Pays »
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